Une nouvelle norme ISO pour la logistique en projet

Lors du SITL 2024, une conférence consacrée à la standardisation logistique a alerté les acteurs français et européens sur les travaux de normalisation dans le secteur, lancés à l’initiative de la Chine. « La normalisation est un sujet stratégique pour tous les pays sur le plan économique. En effet le passage d’une norme à une autre peut entraîner des coûts élevés », avaient souligné Marie Desmyttere, de l’Afnor Normalisation, et François Tainturier, de la Direction des Infrastructures, des Transports et de la Mer (DGITM). Mi-mai, France Supply Chain a de nouveau évoqué la création en 2023 d’un Comité technique international sur la logistique innovante, présidé par la Chine. Son objectif : fixer de nouvelles normes internationales dans la filière. Devant les représentants des candidats aux élections européennes, le président de l’association, Yann de Feraudy, avait alors exhorté la France et l’Europe à s’unir et à définir « une stratégie européenne d’intégration des expertises de la supply chain ».

Feuille de route large

Les travaux normatifs ont été lancés lors d’une conférence inaugurale à Qingdao, dans la province chinoise du Shandong les 29 et30 mai. Le comité technique sur le projet de norme ISO/TC 344 Logistique innovante rassemble 25 pays membres. Parmi eux, 13 ont le statut de « participants » et 12 celui « d’observateurs ». La France, avec 5 autres pays européens, fait partie des « participants » (avec la Finlande, l’Allemagne, l’Italie, la Norvège et la Suisse). Le groupe des « observateurs » compte 6 pays européens aussi.
A ce stade, la feuille de route sur le projet de norme reste vague et couvre un très large périmètre. Elle vise à normaliser les services, techniques et les dispositifs de gestion dans la logistique. Hébergé par la China Federation of Logistics and Purchasing (CFPL, Fédération chinoise de la logistique et des achats), le secrétariat du comité précise qu’il s’agit «  d’améliorer la qualité, la sécurité et l’efficacité des opérations logistiques, du fabricant à la distribution finale des produits ». Traitement et préparation des commandes, stockage, conditionnement, manutentions… sont des fonctions censées être couvertes par les travaux de normalisation en cours. Sont cités aussi le cadre normatif pour les centres et entrepôts de distribution ainsi que pour les échanges de données.

Démarche d’intelligence économique

Franck Lebeugle, directeur des activités de normalisation de de l’AFNOR, est intervenu lors de la conférence internationale sur la normalisation logistique à Qingdao.

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En France, l’Afnor est l’organisme appelé à rassembler les acteurs et propositions françaises dans le cadre de ces travaux, avec le concours de la DGITM. Pour mémoire, l’un des 8 objectifs de la Stratégie Nationale Logistique, présentée le 12 décembre 2022, vise « à mettre en place des chaînes logistiques au service de la reconquête industrielle nationale et européenne ». L’une des actions évoquées pour l’atteindre est de « structurer une démarche d’intelligence économique en se dotant d’une vision stratégique dans le domaine de la normalisation et du commerce international  ». Selon l’Afnor , « la norme est une affaire d’Etat, au cœur du commerce international, pour la Chine  ». En témoigne le plan gouvernemental chinois « Outline for National Standardisation Development  » d’octobre 2021. Il détaille ses actions pour développer la normalisation au cours des 15 prochaines années (jusqu’en 2035). Il y est notamment précisé : « seront conférées aux activités de normalisation internationale la même importance et les mêmes ressources que celles dont bénéficient les activités de normalisation nationale  ».