La pénurie de camions semble se résorber progressivement au premier semestre 2023 selon l’Observatoire du Véhicule Industriel (OVI). Des résultats en trompe l’œil qui masquent la réalité d’un marché du transport toujours tendu, poussant les transporteurs à retarder le renouvellement de leur parc.
« Le 1er semestre 2023 a surpris par l’augmentation plus forte qu’attendue des immatriculations en Europe, de +19,4% par rapport au 1er trimestre 2022, due à une hausse des livraisons de véhicules, supérieure à nos attentes. Les délais de livraisons se réduisent à 289 jours alors qu’ils atteignaient 359 jours il y a un an. Amélioration donc, mais on est encore loin des 87 jours de juin 2019… Cet effet rattrapage n’est, selon nos estimations, que temporaire et les derniers mois de 2023 devraient connaître un ralentissement progressif des immatriculations », a indiqué Arnaud Villéger, directeur de l’OVI lors de la présentation des résultats de son analyse semestrielle du marché.
Transporteurs pessimistes
Se basant sur la stricte analyse des volumes d’immatriculation de VI de 5t et plus (+8,1% par rapport aux 5 premiers mois de 2022 en France), l’OVI estime que l’environnement actuellement instable pousse les entreprises de transport à se protéger en rallongeant la durée de vie des parcs et en reportant les commandes de renouvellement. Selon la filiale de BNP Paribas, si 2022 a été l’année de l’accélération de l’inflation et de la pénurie de matières premières, 2023 pourrait être plus favorable mais l’activité a du mal à repartir. Les chefs d’entreprise sont pessimistes tant sur l’activité, les effectifs que la trésorerie, constat fait tant par la FNTR que par la Banque de France. Les prix des carburants, l’inflation ou l’incertitude sur les calendriers et critères d’accès aux ZFE contribuent en outre à la tension du marché. Par ailleurs, une étude de mars 2023 du CNR révèle une forte distorsion en Europe des taxes et des redevances routières qui pénalise fortement le marché français. La conséquence : une part du pavillon français dans le transport international qui est passée, en 20 ans, de 9,6% à 4,3%.
Des camions plus chers
Les transporteurs font aussi face à une hausse continue des coûts d’acquisition des véhicules. Sur les camions neufs cette hausse atteint 12% au premier semestre 2023 par rapport à la même période en 2022 et concerne aussi bien les tracteurs que les porteurs. Le TCO des camions est également en hausse, notamment en raison d’une augmentation moyenne de 40% des loyers financiers entre 2021 et 2023. A cela s’ajoute un stock de VO quasi vide, qui accentue la pénurie de moyens des entreprises de transport routier.
Sur toute l’année 2023, l’OVI prévoit deux scénarios concernant les volumes de camions disponibles : une fourchette basse de 44000 immatriculations, identique au volume de 2022 ou une fourchette haute de 47000 immatriculations, en hausse de 6,80% par rapport à l’année dernière.
Voir en ligne : Rapport OVI édition juin 2023
